Homo detritus : critique de la société du déchet

Livre Homo Detritus : critique de la société du déchet

Homo detritus : critique de la société du déchet

La grève des éboueurs, contre la réforme des retraites en mars 2023, a fait réapparaitre les déchets sur nos trottoirs. Ainsi, nous réalisons que le monde étouffe sous nos déchets. Aussi, plutôt que nous plaindre, ne devrions-nous pas nous interroger sur notre relation avec les déchets ? C’est ce problème systémique que Baptiste Monsaingeon nous décrit dans son livre “Homo detritus : critique de la société du déchet”.

Si le développement durable nous incite à changer nos modes de vie, le volume de nos poubelles ne cesse de grossir. C’est pourquoi, à travers cinq chapitres, l’auteur revient sur l’origine de nos déchets pour comprendre comment ceux-ci sont devenus un problème environnemental, notamment avec le plastique ou le “prêt à jeter”. Mais, ce livre aborde aussi comment inverser la tendance et viser demain vers un monde zéro-déchet.

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Extraits de “Homo detritus”

“On ne pense pas lorsque l’on jette. C’est un geste que nous effectuons chaque jour sans pourtant y réfléchir. Peu de doute avec le déchet ménager, il faut simplement le mettre à la poubelle. Dans cette mesure, le jeter est assimilable à une routine. À travers la répétition des mêmes gestes, l’habitude s’institue en véritable automatisme. Transmises généralement dès les premières années de la vie, ces pratiques de mise au rebut se répètent de manière irréfléchie. Si on apprends à jeter, on ne réfléchit pas pour autant à la chose, à la portée du geste, à chaque fois que l’on jette.”

“Dans la plupart des cas, qu’il s’agisse de la construction d’un incinérateur, d’une usine de recyclage ou d’un centre de méthanisation, les contrats signés avec les industries du déchet engagent les collectivités sur des périodes longues. De dix à vingt cinq ans, et sur des volumes prédéfinis de déchets à traiter. Les collectivités s’engagent donc à produire des déchets, à hauteur de leurs engagements. (…) Si le volume de déchet tombe, il y a deux façons de se protéger de ça. Soit on demande un engagement à la collectivité et le tarif augmente. Soit on traite des déchets venant d’ailleurs et on améliore la marge. Le vendeur d’incinérateur a donc intérêt à faire signer un chiffre aussi haut que possible.”

Conférence de Baptiste Monsaingeon

Quatrième de couverture de “Homo detritus”

Stockés dans des décharges, éparpillés à la surface des océans ou dispersés en particules invisibles dans l’atmosphère, les déchets sont désormais des traces indélébiles de notre présence sur terre autant que des symptômes de la crise du monde contemporain.

Après les avoir enfouis et brûlés, il est devenu impératif de les réduire, de les réutiliser, de les recycler. À l’heure de l’économie circulaire, cette promesse d’un monde sans restes rappelle un mensonge de la tribu Chagga, évoqué par l’anthropologue Mary Douglas : les mâles adultes de cette tribu affirment ne jamais déféquer !

De même, ce livre montre que la quête de pureté et de maîtrise technicienne du déchet dans nos sociétés industrielles fabrique un aveuglement collectif. Il raconte comment Homo detritus, face cachée d’Homo œconomicus, a cru sauver la planète en « bien jetant ». Un livre fort sur les impasses des approches « gestionnaires » de notre société du déchet.

Baptiste Monsaingeon est chercheur postdoctoral à l’Ifris. Membre du conseil scientifique de l’exposition Vies d’ordures au Mucem à Marseille, il a notamment participé à la première expédition dédiée à l’identification de concentrations de débris plastique en Atlantique Nord.

Ce livre de 218 pages a été publié en 2017 aux éditions Points.

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